The Bling Ring : un gang prêt à tout pour une vie de star
Le dernier long-métrage de Sofia Coppola plante rapidement le décor : basé sur un fait réel ayant défrayé la chronique de la jet-set made in LA, il suit les traces d'un groupe de cinq adolescents, fascinés par l'univers des marques et de la célébrité au point de s'approprier la vie de leurs idoles par des cambriolages en série.
Ils n’ont pas forcément les mêmes aspirations. L’une veut faire de la mode son avenir, rêve de posséder un show à la Lauren Conrad et d’être appelée chez Teen Vogue, en un claquement de doigt. Balmain, Chanel – à prononcer avec un accent américain sensuel – , elle les connaît tous sur le bout des doigts et, de ce fait, ils lui reviennent de droit. L’autre veut avant tout éveiller le désir, prend plaisir à étudier les pauses devant la glace, à raccourcir sa jupe toujours un peu plus, et à tenter de séduire même le coursier apportant un colis à sa mère trop laxiste, l’instruisant à coups de préceptes obscurs et doses d’amphétamines. Le troisième est peut-être plus lucide, plus conscient des droits, des lois, mais donnerait n’importe quoi pour être enfin accepté, enfin intégré parmi ces bandes d’ados populaires, admirés et enviés. Peut-être croit-il y trouver une forme de respect. Une autre est plus détachée, marquée par des influences baba cools, souhaite avant tout prendre du bon temps, vivre dangereusement, sexe, drogues et rock’n’roll, et tant pis s’il faut ensuite prendre le volant. La dernière, elle, est plus effacée, plus jeune, suit parce qu’il faut suivre, parce que c’est drôle, parce que le revolver trouvé chez l’une des victimes – ou mécènes – prend des airs si euphorisants une fois appuyé sur la tempe de son ami.
Abreuvés par l’essor des réseaux sociaux, d’une vie publique à exposer, à maîtriser, professionnels du personal branding à s’en demander s’ils profitent réellement des moments ou ne les vivent que pour leurs photos de profil Facebook – passant leurs soirées entières à immortaliser leurs trombines avec des verres d’alcool – “relève bien la coupe !” crie la photographe amateur – , des chaussures de luxe, de la cocaïne, des postures toujours plus aguicheuses. Ces réseaux sociaux qui signeront leur perte, mais aussi le début de cette aventure hors du commun, abolissant les frontières entre adolescents lambdas et peoples, rendant toute information accessible en un clic. C’est peut-être cet aspect qui déploie leur inconscience. Après tout, Rachel Bilson n’était pas obligée d’indiquer qu’elle se rendait à telle soirée. Paris Hilton n’était pas obligée de laisser sa clé sous le paillasson – à croire qu’elle leur souhaitait vraiment la bienvenue chez elle. Ces stars qu’ils voient évoluer dans leur petit écran, sur papier glacé ou torchons imprimés leur semblent proches, si proches, un peu trop sûrement. Rebecca demandera même à l’inspecteur en charge de l’interrogatoire s’il a pu parler avec Lindsay Lohan lors de sa plainte, et ce qu’elle lui a déclaré. Comme si elle était son égale, comme si par ce délit elle s’était rapprochée d’elle, au point qu’elle s’intéresse enfin à elle – fusse dans des circonstances aussi funestes.
The Bling Ring se fait donc la dénonciation par une flot d’images ininterrompus, sans angle accusateur, d’une société qui voue un culte au vide, au néant. De ces jeunes qui, biberonnés à une ère sans aucune limite, sans plus de vie privée, médiatisant au même niveau la dernière sortie d’Amanda Bynes que l’hospitalisation de Nelson Mandela, deviennent avides d’une célébrité sans but, sans fond. Cette société que l’on voit évoluer tous les jours un peu plus à la télévision et dans les journaux, qui multiplie l’inconscience et égare des valeurs élémentaires. Emma Watson, Katie Chang, Israel Broussard, Claire Alys Julien et Taissa Farmiga incarnent des rôles plus vrais que nature, aux dialogues et attitudes pompés sur les shows The Kardashian Family, Pretty Wild ou The Simple Wild. Des shows au degré comique résultant du néant, parfois omis par ses jeunes spectateurs pour une identification dangereuse à leurs protagonistes. Et ça ne devrait pas aller en s’arrangeant.
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